Enez
Emmanuel Piton — 2022
Enez est une exploration physique et poétique, tourné en argentique d’un petit bout de terre perdu au milieu de la mer. La mer grignote peu à peu cette île qui sera totalement submergée dans quelques décennies. Le film scrute cet espace qui semble loin de tout en retraçant la mémoire des îliens. Ils semblent faire face à cette disparition et pourtant ils persistent à vivre ici, sur ce caillou rongé par les eaux.
Prix spécial pour la narration poétique du film au Balkan New Film Festival
Brouillon d’un rêve de la Scam
Après avoir chorégraphié des éclairs, portraituré une adolescence à la campagne, inventorié de petits outils, écouté les songes des eaux dormantes, et avancé à tâtons dans les vallées lointaines où se perdent les ondes, pour son dernier film Emmanuel Piton a promené sa caméra 16mm au long des rivages, des plis et des replis de l'île de Sein. Il y a recueilli et amplifié des silences, et regardé comment vibrent les espaces qui sont entre eux. Il a tissé un écheveau de voix et d'échos, d'éclats de lumière et d'ondulations sous-marines. Des regards maintenus, des rêves d'oubli ou d'engloutissement. Ni totalement expérimental, ni simplement documentaire, ni tout à fait essai, "Enez" est un peu de tout çà à la fois, et sans doute beaucoup plus que tout çà à la fois. C'est en tout cas le dernier maillon à ce jour d'une œuvre intranquille, foudroyante et essentielle.
Eric Thouvenel Professeur en études cinématographiques Université Paris Nanterre